Type d’édifice/structure/objet – Ancienne maison de ferme en pierre devenue urbaine et moderne.
Propriétaires anciens, récents et actuels – Originalement, ce terrain faisait partie d’une ferme qui occupait toute la partie sud du lot 4, longeant le chemin Innes (autrefois, le rang Saint-François). En 1841, la Couronne vend tout le lot 4 (200 acres) à une compagnie du nom de Canada Company, et nous présumons qu’il s’agissait d’un groupe de forestiers qui faisait le commerce de la coupe du bois. Au cours de la période 1858 à 1873, le lot 4 fut divisé en quatre et les membres de la compagnie se partagent cette propriété, c’est-à-dire, 50 acres chacun. En 1873, les frères Georges et Robert Wilson deviennent propriétaires des parties sud du lot 4, qui à leur tour en 1883, vendent la partie sud-est à Joseph Boyer, qui la revend à son frère Paul Boyer en 1885. En 1924, suite à la relocalisation de l’école #25, et ce, privant les enfants du rang Saint-François d’une école, Paul Boyer avait donné un terrain au bout de sa terre du côté est. De plus, il avait organisé une corvée au cours de l’été 1924 pour la construction de l’école Saint-François.
Suite au décès de Paul Boyer en 1925, c’est son fils Joseph qui deviendra propriétaire et celui-ci la vendra à Noé Marenger en 1931. En 1945, Noé Marenger vend la moitié du sud-est de cette propriété à Noé Groulx, et la partie ouest qui comprenait la maison et les bâtiments de ferme, à Adélard Bélair en 1946. La maison fut louée à plusieurs locataires qui laisseront la propriété se détériorer jusqu’à l’abandon. On vendit même les pierres de la maison. Enfin un développeur du nom d’Adrien Simard l’acquiert et subdivise la propriété en lots et fonde une section domiciliaire du nom de Château Neuf.
Valeur conceptuelle ou physique (description de chaque structure, les matériaux, tout ce à qui est hors de l’ordinaire ou rare, surtout en architecture)
Du temps de Paul Boyer, cette propriété devint prospère et figurait parmi les plus belles de la région. La maison sous forme de L avec toit à deux versants qui s’imbriquaient à angle droit était construite en bois mais avait été recouverte de pierres naturelles par un des trois quêteux* qui était tailleur de pierre, et que Paul Boyer avait hébergé.
* Nom utilisé à l’époque pour mendiant.
L’intérieur de la maison était en plâtre, ce qui était rare à l’époque. La partie sud de la maison comprenait la cuisine avec deux sorties à l’extérieur, une donnant sur le parterre et l’autre sur la cour. La partie nord de la maison comprenait le salon et la salle à manger avec un escalier le long du mur intérieur menant à l’étage où on retrouvait trois chambres et une petite salle de couture au haut de l’escalier. L’entrée principale sur la devanture de la maison était recouverte d’un toit à pignon au-dessus d’une galerie en pierre.
La propriété comprenait aussi une grange, une écurie, une remise, un poulailler et une grainerie. Tous ces bâtiments étaient en planches de pin provenant probablement de la propriété et construits par Paul Boyer.
Un gisement de roches se trouvait au bout de la propriété, c’est-à-dire, près de l’emplacement de l’école Saint-François. Il fut exploité par un des trois quêteux qui trouvèrent refuge chez Paul Boyer. Un four fut construit pour transformer la pierre en pierre à chaux qui était très utile pour la fabrication du mortier. La pierre à chaux était aussi utile pour la préparation de lait de chaux que les propriétaires se servaient pour blanchir les murs extérieurs des bâtiments, l’intérieur des étables ainsi que les troncs d’arbres pour empêcher leur infestation.
Édifices sur le site n’ayant peu de valeur patrimoniale.
Aucun
Valeur historique ou associative (Résumé historique ou références donnant les détails)
Paul Boyer était un homme travaillant, fier et généreux mais était reconnu pour avoir du caractère; lorsqu’il promettait quelque chose, il tenait toujours parole. C’est grâce à la famille Boyer qu’un chemin fut construit entre le chemin Innes et le chemin Montréal. Il aimait le beau et sa ferme était toujours bien organisée. D’une grande générosité, les quêteux, ces hommes sans-abri, étaient toujours bien accueillis chez lui.
Ne sachant ni lire ni écrire, Paul Boyer voulait que tous les enfants aient droit à une éducation de base. C’est pourquoi lorsqu’en 1924, les résidents du rang Saint-Louis s’approprièrent l’école #25, située dans la Montée Cléroux, qu’ils partageaient avec les résidents du rang Saint-François, Paul Boyer donna un lot sur sa terre pour la construction d’une école. Il donna aussi beaucoup de matériaux et organisa une corvée pour construire cette école au cours de l’été. C’est grâce à lui si les enfants du rang Saint-François (maintenant le chemin Innes) n’ont pas été privé d’école. (Voir photo de l’école Saint-François.)
Son fils Joseph se procura la première automobile de la région, une Chevrolet 1923. (Voir photo.)
Aujourd’hui cette maison est encore habitée et elle est reconnue pour sa valeur historique. Cependant, la devanture est devenue l’arrière de la maison donnant sur la rue Cour Chaîne. Est-ce une coïncidence que cette rue porte le nom du premier curé de la paroisse Saint-Joseph? Alphonse-Marius Chaîne fut curé de 1860 à 1873.
Paul Boyer époux de Délima Mantha eurent trois enfants : Rose-Anna (Félix Mantha), Dorsina (Oscar Gauthier, propriétaire d’un hôtel à Masson) et Joseph (Délisca Champagne). Paul Boyer accueilli chez lui sa mère, Sarah Pitre, devenue veuve en 1887, et qui est décédée en 1908 à l’âge de 98 ans.
Valeur contextuelle Ses environs – (description d’un paysage culturel, un point de repère (culturel ou naturel))
Bien que cette maison soit ancienne, son style se marie bien avec les autres maisons modernes du secteur Château Neuf. Elle a toujours belle apparence et ses fondations originales en pierres sont intactes. (Voir photo.) Elle est nichée sur un lopin de terre situé en plein cœur d’un développement urbain recherché à cause des nombreux services disponibles à proximité.
Le four à chaux fut longtemps opéré et on pouvait voir les ruines du four jusqu’à l’agrandissement de l’école Saint-François à la fin des années 1950.
Le terrain est bien aménagé et il est entouré d’arbres et est clôturé. La cour arrière comprend une petite remise, un cabanon pour l’utilisation de la piscine hors terre ainsi qu’un banc de bois. On peut aussi voir une corde à linge à partir de la ‘terrasse’ arrière retenue à un arbre près de la remise.