Ferme Joanisse/Vallières

Ferme Joanisse/Vallières

FERME GAUTHIER4

Informations

# de chemin ou rue
2225
Rue
Mer Bleue
Ville
Orléans
Province
ON

Dém. Carrefour Santé

Type d’édifice/structure/objet – Ferme avec une maison, une laiterie, une grange, une remise, un poulailler, une porcherie et une écurie.

Propriétaires anciens, récents et actuels

(Il est à bien noter que le nom Joanis, Joanisse ou Joannis figure dans les registres et désigne les membres de la même famille.)

Les premiers colons qui sont venus s’établirent sur cette propriété furent des descendants de Pierre-Jules Joanis dit Dépocas, époux de Domitille Marengère qui sont arrivés à Orléans en 1861. Le recensement paroissial de 1902 démontre que Jean-Baptiste Joanis(se) époux de Marie-Louise Vallières, agés respectivement de 80 et 66 ans, étaient les propriétaires de cette ferme depuis 1888, qui selon les divisions de la paroisse se situait au rang Saint-Louis, présentement le chemin Navan. Le recensement paroissial de 1910 démontre que le dernier Joannis à occuper les lieux fut Johny Joanisse avec son épouse Mary-Ann Shea et leurs trois enfants.

À Orléans, le 15 septembre 1895, Joseph Vallières, un Beauceron, épouse Rose-Anna Joannis, fille de Jean-Baptiste Joannis et devient locataire de la ferme de Johny Joannis. Ils y demeureront jusqu’à environ 1907, alors que Joseph déménage sa famille au village pour devenir contremaître de la construction et de l’entretien de la voie ferrée pour la Canadian Northern Railway Company entre Cyrville et Cumberland qui fut en opération dès le 30 novembre 1909.

Nos ressources ne nous permettent pas de connaître les habitants de cette maison entre 1907 et 1920, alors qu’Edmond Gauthier, un résident du rang Saint-François (maintenant le chemin Innes) achète la propriété pour établir son fils aîné, Georges. Celui-ci avait épousé Yvonne Guindon le 19 août 1921, et a essayé de cultiver cette terre pendant quelques années; toutefois Georges n’était pas un cultivateur mais plutôt un cordonnier et décida d’abandonner la terre pour aller pratiquer son métier au village.

Nous présumons que cette ferme fut louée jusqu’à ce qu’un autre fils d’Edmond Gauthier, du nom de Lucien, prenne possession de la ferme en 1936. Celui-ci avec son épouse Berthe Mantha consacrèrent sept années de leur vie à essayer d’améliorer cette propriété. À l’automne de 1944, ils quittèrent cette ferme et Berthe devint maîtresse de poste d’Orléans et Lucien devint entrepreneur en construction à Ottawa. La propriété fut donc vendue à un dénommé Mainville.

Présentement une partie de cette propriété est occupée par des maisons semi-détachées et des condominiums construits par des développeurs, et la partie sud-ouest à l’angle du chemin Mer Bleue et du boulevard Brian-Coburn, est réservée pour la construction du futur Carrefour santé d’Orléans qui verra le jour au cours des prochaines années.

Valeur conceptuelle ou physique (description de chaque structure, les matériaux, tout ce qui est hors de l’ordinaire ou rare, surtout en architecture)

La maison à un étage et demi était construite en bois équarri sur des fondations de pierres des champs avec un toit à deux versants en bardeaux de cèdres et des murs chaulés. Le rez-de-chaussée comprenait une grande pièce qui servait de cuisine et de salle familiale ainsi que deux chambres à coucher. Un escalier fermé en planches de pin menait à l’étage. Pour accéder au deuxième étage, il fallait soulever une longue trappe  au haut de l’escalier. Le haut de la maison n’était pas fini, donc pas isolé; seule la portion de la cheminée partant du plancher jusqu’au toit répandait un peu de chaleur. Par conséquent, il était évident que le haut de la maison n’avait pas été habité pendant les hivers même si les marches de l’escalier étaient arrondies par l’usure. L’auteur soumet que probablement le haut de la maison servait d’entrepôt pour le grain, etc.

La grande pièce et les deux chambres du rez-de-chaussée avaient des murs tapissés et le plancher était en gros madriers peinturés gris. Au milieu du plancher, il y avait un anneau de fer apposé à une trappe donnant accès à la cave. La cave était sur un fond de terre battue et était l’endroit idéal pour entreposer les légumes l’hiver ainsi que les conserves faites maison.

Comme les anciennes maisons, il n’y avait pas d’électricité; on s’éclairait à la lampe à l’huile ou à la chandelle et seul un gros poêle à bois en assurait le chauffage et servait à la cuisson des aliments.

La laiterie située du côté sud de la maison, était construite en mêmes matériaux et de même style que la maison. On y avait ajouté une glacière en utilisant des blocs de glace provenant de la rivière des Outaouais. Elle servait d’endroit frais pendant l’été pour conserver le lait, le beurre, les viandes tels le baril de porc salé et les volailles que l’on abattait sur la ferme.

La grange en bois était réparée tant bien que mal et comprenait deux grandes sections pour entasser le foin et la paille. Deux portes de chaque côté, au milieu des murs, ouvraient sur l’allée centrale qui servait d’entreposage pour le grand traîneau (sleigh) ou la charrette (wagon).

L’écurie était en bois équarri et comprenait deux stalles pour les chevaux et quatre stalles pour les vaches ainsi qu’un coin réservé pour les veaux. Cette écurie, plutôt petite, limitait le nombre de bêtes à conserver pendant l’hiver.

Le poulailler était petit et construit en vieux matériaux de bois avec un toit à une seule pente, et recouvert de bardeaux de cèdre; l’intérieur était isolé avec plusieurs épaisseurs de carton. Au cours des deux dernières années de leur séjour sur la ferme, Berthe et Lucien s’étaient procurés une couveuse dont la chaleur était assurée par un fanal à l’huile. Cet achat s’avéra un succès même s’il fallait empêcher les belettes de venir faire un festin dans le poulailler.

Lucien construisit aussi une grande remise entre l’écurie et le poulailler, ce qui ajouta une belle commodité pour le rangement des machines agraires, le grain, la moulée, etc. La charpente de la devanture de cette remise servait aussi d’abattoir permettant au cultivateur de suspendre les carcasses d’animaux pendant la période nécessaire à l’attendrissement des viandes. Il construisit aussi la porcherie du côté sud de la grange. Elle était clôturée en planches de pin et pouvait accommoder trois truies avec leurs porcelets. Une auge de la longueur de la porcherie était le récipient d’une foule de plantes et légumes de la ferme jugés excédentaires.

Les prés étaient divisés par des clôtures de broche ordinaire tandis que deux portions de clôture, celle de la devanture du terrain et une portion entre l’écurie et la grange, étaient faites de perches avec une barrière confectionnée de quatre perches à l’horizontale supportées à chaque bout par des poteaux. La barrière de perches à l’entrée du terrain était appréciée des enfants qui s’en servaient comme perchoir pour observer les chars d’assaut conduits par des soldats pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Édifices sur le site ayant peu de valeur patrimoniale

Aucun

Valeur historique ou associative (résumé historique ou références donnant les détails)

La ferme ne comptait que 50 acres de glaise et un petit boisé de trembles. Lucien répara la grange et l’écurie, construisit une nouvelle remise et une porcherie, remplaça le toit du poulailler ainsi que plusieurs sections de clôture pour le pâturage. Secondé par son épouse Berthe qui était très avant-gardiste, ils obtinrent de l’information de la Ferme expérimentale d’Ottawa sur la façon d’obtenir de bonnes récoltes sur une terre de glaise. Une étude du sol révéla que le blé d’inde, les tomates et le foin étaient les seuls produits qui pouvaient être récoltés avec profusion sur cette terre aride et infertile. L’été, au temps des chaleurs, le sol devenait dur comme du béton.

Une autre amélioration que fit Lucien fut l’ajout d’un puits. À leur arrivée, il n’y avait qu’un seul puits de surface près du perron à l’arrière de la maison. De plus, il devenait à sec pendant la saison estivale. Lucien possédait le talent de trouver une source d’eau en utilisant une baguette en forme de fourche provenant du noisetier, communément appelée « hors de coudre ». L’endroit idéal décelé fut derrière la grange. Ce fut un travail ardu de creuser une étendue circulaire dans la glaise avec un pic et une pelle. Dès qu’il eut rejoint la couche imperméable dans une profondeur d’environ huit pieds, une nappe d’eau jaillit de la terre avec force. Qui eût pu prédire qu’il trouverait un puits artésien!

Courageusement, Lucien et Berthe entreprirent d’engraisser le sol, d’avoir des animaux et de bien gérer les récoltes. Toutefois, il était flagrant que pour survivre et élever une famille de cinq enfants, il fallait obtenir des revenus autres que ceux de la terre. Lucien décida donc d’aller travailler à la ville en tant que journalier à titre de menuisier à la construction de maisons, ce qui lui permit de devenir entrepreneur en construction dès son arrivée au village.

Valeur contextuelle (ses environs : description d’un paysage culturel, un point de repère (culturel ou naturel)

Cette ferme était située dans une région très peu fréquentée. La route qui séparait Gloucester et Cumberland était une route très mal entretenue et n’était pas ouverte pendant l’hiver. Il n’y avait que trois habitations le long de cette route. Étant donné qu’il s’agissait d’une région presque désertique, au cours des années précédant et pendant  la Deuxième Guerre mondiale, il arrivait souvent que des chars d’assaut des Forces armées du Canada venaient se pratiquer à conduire ces engins sur un terrain boueux suite aux pluies abondantes ou un terrain durcit et plein d’ornières. Il n’était pas rare non plus de voir des parachutistes venir s’entraîner en sautant des avions et atterrissant au bout de cette ferme.

Anecdotes :

  1. Lors d’une élection fédérale en mars 1940, Berthe accepta de se rendre au bureau de votation sur un traîneau tiré par deux chiens appartenant au jeune voisin qui avait décidé d’offrir ses services.

 

  1. Par un beau dimanche, alors que Lucien assistait à la grand‑messe au village, le petit bœuf rouge du voisin, Edouard Galipeau, étant exaspéré d’être seul dans son prés, trouva le moyen de déserter son champs et décida de venir rendre visite au troupeau de vaches du 2225, chemin Mer Bleue. C’est un bœuf en colère qui en sabotant et en écumant s’amena chez les Gauthier. Les enfants qui jouaient dans la cour se sauvèrent vite à la maison, toutefois, Berthe croyant avoir le temps d’aller fermer la barrière eut juste le temps de regagner le perron, au grand soulagement des enfants.

Comité des sites patrimoniaux : Colette Côté, Guy Legault, Françoise Miller

Auteure : Colette Côté (Les photos sont de la collection Famille Gauthier.)

Photos

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